Après une trentaine de minutes de marche, Yémikan aborde la
première décharge publique. Elle ne croyait pas si bien penser. Les emballages,
d’ordinaire si rares, jonchent aujourd’hui le sol. Autre
surprise agréable, il n’y a pas grand monde. Pas de concurrence ni
de bagarres. Yémikan ramasse plein d’objets de récupération de
tout genre. En courbant l’échine afin de hisser son sac sur son dos,
elle aperçoit au loin une poupée à moitié enfouie sous les ordures.
Elle repose sa charge et court la chercher. Il ne lui reste qu’une
jambe et un oeil. La fille de Souhounan lui murmure, en lui adressant
un sourire : « Tu seras mon amie. »